Où es-tu né et quelle est ta date de naissance ?
Je suis né le 02 Janvier 1985 (31 ans) à Roncq, dans le Nord de la France.
Pourquoi avoir choisi Saint-Luc ? et comment s’est passé ton parcours à l’institut ?
Avant l’institut, je n’avais jamais trouvé d’intérêt pour l’école.
L’école … ? Pour quoi faire … ? Rien n’accrochait mon intérêt, à part les cours d’art plastique et les activités manuelles.
J’étais un enfant rêveur, passif, parfois chahuteur, turbulent, totalement détaché de tous devoirs et envies.
Ayant parfaitement conscience de mon manque d’intérêts, mais surtout d’un besoin urgent de me sortir du quotidien ennuyeux de mon école, mes parents ont décidé de me conduire à la porte ouverte de l’institut St Luc du 1° mai 1997.
J’en suis tombé amoureux…… Dessiner à l’école ? le rêve………..
C’est à cette époque que j’ai découvert, non pas ma passion pour la créativité qui était déjà en moi depuis un moment, mais j’étais prêt à tout pour faire partie de cette école. J’avais surtout besoin de changement.
Par chance, lorsque j’ai obtenu en France mon passage en 4ème , j’ai pu rentrer directement, sans examen, l’année suivante avec la recommandation de mes parents :
« Engage-toi dans cette aventure, travaille à fond, car cette école ne t’acceptera que si tu obtiens une bonne moyenne aussi bien dans les cours généraux qu’artistiques pour passer dans les classes supérieures. »
C’est ce que j’ai pris à la lettre durant mes 5 ans d’études où j’ai vu éliminer un bon nombre d’élèves.
Quelle fut ta section et années suivies ?
J’ai commencé en 1999 par la classe de 2ème Observation et j’ai monté de classes jusqu’à l’obtention de mon diplôme de fin d’année en 2004 dans la section illustration.
Peux-tu nous parler de ton parcours après Saint-Luc ?
Après St Luc, j’ai continué mes études avec 4 ans supplémentaires à l’école Emile Cohl de Lyon. J’ai pu explorer toutes les filières du métier des Arts : peinture, sculpture, animation, illustration, multimédia…. J’ai choisi multimédia comme section finale.
Je fus diplômé d’un Master en Arts Appliqués en 2008.
Après tes études, quelle a été ta carrière d’artiste ?
Ayant fait un stage chez « Atari » en temps que dessinateur sur le jeu vidéo « Test Drive Unlimited 2 », j’ai vite montré mes capacités dans l’industrie du jeu.
Après une année dans un petit studio de jeu, j’ai finalement eu la chance de travailler pour une toute nouvelle licence chez Ubisoft. J’ai donc passé un an à développer les visuels du jeu « The Crew ». Les débuts de production du jeu ont été très intéressants pour moi. Etant donné l’évolution de ce jeu, notre équipe a dû s’agrandir, comme j’étais l’unique dessinateur, mon travail a été délocalisé au studio de Singapour. J’ai été remercié en juillet 2010.
Pour la première fois depuis longtemps, j’étais sans projet, sans challenge. Chercher un travail ne m’intéressait plus. Personnellement troublé après ma précédente expérience professionnelle, j’ai eu besoin de quelque chose de différent. Je voulais continuer à apprendre et à connaître mes limites.
Parfois la vie nous envoie des signes, des directions à suivre, c’était le bon moment pour moi de faire une pause avec ma carrière et de partir loin pour redéfinir « qui je suis » et ce que je veux faire de ma vie.
J’ai donc quitté la France pour l’Australie en Décembre 2010 sans connaître un mot d’anglais (j’avais 25 ans). Partir seul, le sac sur le dos, vivant de famille en famille en aidant les gens et en échange, avoir le couvert et le coucher fut pour moi une aventure incroyable. J’ai vécu cette aventure durant 2 ans ½ entre l’Australie, les Etats-Unis et la Corée du Sud. Je n’ai pas dessiné durant cette période, et avec le temps, j’ai ressenti une énorme envie de reprendre le crayon. J’avais enfin découvert que dessiner est un besoin pour moi. J’ai donc dessiné durant 4 mois pour me faire un nouveau portfolio que j’ai présenté au salon de l’animation de Burbank en Californie en Novembre 2012. C’est là que j’ai reçu une offre d’emploi pour un poste de designer dans un studio canadien sous-traitant aux studios Nickelodeon. 4 mois plus tard me voilà à Vancouver. J’ai eu la chance de travailler sur le développement visuel d’un nouveau pré-school show « Blaze and the Monster Machines » J’y suis resté 3 ans.
Aujourd’hui, je suis résident permanent au Canada et je travaille pour un sous-traitant des films « Mattel ».
Quel est ton travail actuel et peux-tu nous le présenter ?
Aujourd’hui, je travaille sous contrat comme designer à plein temps. Je dessine les personnages et les environnements pour des compagnies et chaînes de télévisions américaines de dessins animés comme Nickelodeon, Mattel ou encore Disney XD……
Le soir, je réalise mes propres projets. L’année dernière j’ai réalisé mon premier Artbook que je vends en ligne et sur les salons.
Quels sont tes projets à venir ?
Cette année, je m’engage dans un projet encore plus conséquent, une bande dessinée financée grâce à une campagne sur kickstarter et un blog vidéo sur Youtube.
Je souhaite également ouvrir mon atelier pour me permettre de travailler en Freelance. Cela me permettra de partager mon temps entre mes projets personnels et professionnels dans l’espoir de voir décoller mes projets pour en vivre.
Quelles sont tes relations avec les galeries, les salons et les conventions ?
Je participe chaque année, depuis maintenant 4 ans à une convention nommée « The Creative Talent Network » de Burbank en Californie.
C’est un regroupement annuel d’artistes travaillant dans le milieu de l’animation et du Comics américain. Un bon endroit pour montrer mes travaux et vendre mes projets.
Je participe aussi à un festival du Comics et expose dans une galerie d’art à Vancouver.
Vis-tu de ton travail ?
Oui, j’en vis très bien depuis ma sortie d’école cela fait 7 ans déjà .
Ton travail t’épanouit-il ?
C’est une très bonne question, car très difficile à répondre.
J’ai compris avec le temps et l’expérience que mon travail est de réaliser les besoins de la production pour laquelle je travaille.
Malheureusement, dans ces entreprises, il n’y a pas de possibilité de faire passer mes idées créatives, ce qui, avec le temps, devient frustrant car je ne peux pas m’exprimer.
Seul mon travail personnel me permet de m’épanouir et de grandir en tant qu’artiste tout en me faisant immensément plaisir.
Un mot pour la fin ?
Aujourd’hui je peux dire que l’institut St Luc m’a enseigné les bases. Plus que le savoir du dessin, j’ai appris à me battre pour faire partie des meilleurs. Ceux qui ont appris à travailler dur et avec amour se donnent un maximum de chance pour réaliser tout ce qu’ils entreprennent.
L’école n’a pas été facile, mais le monde professionnel ne l’est pas moins. Après tous ces efforts, je peux dire que j’ai atteint un rêve, le rêve de dessiner pour gagner ma vie.
Je peux témoigner aujourd’hui que St Luc a été la 1ère marche pour atteindre ce rêve.
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