Où es-tu né et quelle est ta date de naissance ?
Je m’appelle Nicolas Petitfrère, j’ai 27 ans.
Je suis né en France le 16 Juillet 1988 à Reims en Champagne, je pourrai définir mon activité comme musicien, graphiste, performer, parfois ingénieur du son et sound designer, parfois producteur… en bref je suis profondément passionné par l’image et le son, j’en ai fait mon métier, et j’en vis.
C’est venu très naturellement, le parcours scolaire classique français à toujours été pénible pour moi, je ne m’y suis jamais senti à ma place, il y a une telle pression, les élèves sont non seulement poussés à la performance mais aussi contrains à rentrer dans une sorte de norme, ce qui crée un clivage énorme entre les élèves qui s’y sentent à l’aise et “les autres”, qui sont constamment stigmatisés.
C’est assez déprimant de penser à toutes ces personnes, pourtant compétentes et intelligentes qui, cassées par ce système inégal, vivent très difficilement leur scolarité. Surtout que ça aurait probablement été mon cas si mes parents n’avaient pas eu cette idée toute simple :
quitte à passer des heures de cours à dessiner dans mon coin, autant en faire un métier ! Bref, une idée toute simple, mais qui à très vite payé, mes notes se sont considérablement améliorées,
ainsi que mon intérêt pour les études.
Quelle fut ta section et années suivies ?
Je suis arrivé en 2002 en 2 ème année, et là ça à été le grand changement, déjà parlons de l’établissement en question : une bâtisse imposante chargée de deux siècles d’histoire, le tout dans un pays voisin, mais quand même bien différent culturellement, une pédagogie très orientée sur la pratique du métier, ma première expérience en internat, bref après ma deuxième année donc, j’ai suivi un cursus en section illustration sans interruption jusqu’en 6ème année avec l’obtention du bac/jury
Peux-tu nous parler de ton parcours après Saint-Luc ?
Après le bac donc, pour me rapprocher un peu plus de ma famille (qui avait emménagé dans l’Ain lors de ma 4 ème année) j’ai fait mes études supérieure à Emile Cohl, à Lyon ce qui à été un second changement énorme à plusieurs niveaux, je me retrouvais donc dans cette ville, où je ne connaissais personne, dans une école d’art qui valorisait un mode d’apprentissage et une formation des élèves “à l’ancienne”, mais j’ai eu la chance de participer à un programme qu’ils avaient mis en place la seconde année, où tout était basé sur le multimédia, c’était une formation intensive de 6 mois aux outils numériques; on était très peu d’élèves, et on a eu la chance d’avoir des professeurs directement issus des professions qu’ils enseignaient dans la plupart des cas.
Tout ce contexte-là m’a permis d’approcher énormément de disciplines, du graphisme web, à la 3d en passant par le digital painting (procédé permettant la création d’un arrière-plan photo-réaliste que l’on va incruster dans film/jeux à la place du fameux fond vert) étant un grand passionné de science fiction, et ayant toujours eu un penchant pour l’hyperréalisme, on ne pouvait pas rêver mieux, cette année-là à été beaucoup plus fructueuse pour moi, au niveau des résultats bien sûr mais aussi à un niveau bien plus personnel.
Après tes études, quelle a été ta carrière d’artiste ?
Après tout ça donc, je suis monté sur Paris pour poursuivre ma route d’illusionniste numérique, et j’ai décroché un stage dans une petite société d’effets spéciaux, mais après avoir suivi 3 mois de stage j’ai assez vite déchanté, il faut savoir (qu’en France en tout cas) beaucoup d’artistes dans les professions graphiques, avant d’avoir un poste à responsabilité et être indépendants artistiquement, sont des « petites mains » ils sont là pour faire les caches, les intervalles, bref les tâches redondantes et ingrates et je ne me voyais pas faire quelque chose qui ne me plaisait pas pendant de longues années avant de prendre mon envol, et de l’autre côté, en étant toujours en constant contact avec des artistes d’horizons divers, j’ai bossé sur de la musique, du sound design de court métrages, et plutôt que de suivre un parcours de graphiste/illustrateur plus classique j’ai décidé de me mettre en indépendant, et exploiter les opportunités très intéressantes qui s’offraient à moi.
Déjà que mes Parents étaient assez ouverts d’esprits pour laisser leur fils faire des études d’art, il ont dû l’être encore plus quand je leur ai annoncé que j’allais être en roue libre !
Mon travail actuel, celui qui est marqué sur mes fiches de paie c’est « artiste musicien » je passe la plus grande partie de mon temps en studio, à créer de la musique parfois seul, parfois en groupe (je fais partie d’un collectif),
ensuite la seconde partie de mon travail, c’est de jouer tout ça en live ! faire des dj sets ou parfois être en format plus « concert » avec des instruments et des contrôleurs sur scène, il y a quelques années j’ai eu la chance qu’un des mes projets se fasse repérer par un label basé dans le sud des Etats-Unis, ce qui m’a permis de faire quelques tournées à travers l’Amérique, mais aussi au Canada ainsi qu’une partie de L’Europe et de l’Asie. Le collectif dont je fais partie est composé de 4 personnes, on vient tous d’univers très différents, certains sont plus portés sur l’image, d’autres sur le son, ou encore la mode, et la vidéo, et c’est là que mon cursus prend tout son sens:
On fait tout nous-mêmes de la pochette d’album, flyer, au mixage mastering de nos titres… bref on s’occupe de la partie artistique à 100%, ce qui, en plus d’être très pratique, éviter les deadlines, et les coûts inutiles, permet de forger une identité visuelle et sonore très forte et identifiable, qu’on a matérialisé sous la forme d’un groupe: Point Point
sur Facebook, Soundcloud & Instagram
puis, très récemment décliné avec un label Record Record : sur Facebook sur Soundcloud & via Instagram
avec un des membres de ce groupe, je forme un duo, avec une esthétique et un son bien différent et plus sombre qui s’appelle Alesia: sur Facebook, Soundcloud & Instagram
et comme si ça ne suffisait pas, j’ai mon pseudo personnel, cette fois-ci bien plus expérimental et psychédélique: Nömak : sur Facebook, Soundcloud & Instagram
on a donc tous ensemble, notre studio pour les productions de chacun et celles du groupe, nos locaux, dédiés en priorité au développement du label, mais aussi à toute la partie administrative de tous les profils, (sachant qu’on est 4, que chacun a son projet personnel et qu’il y a un duo et un quatuor, ça représente une sacré somme de travail)
donc, même si je ne fais pas de l’image au sens professionnel du terme, je me sers de ces compétences-là quasiment tous les jours, quand on travaille ensemble sur différents projets, et je ne regrette en rien mon cursus car il m’a permis d’avoir une vision bien plus complète et une culture de l’image, et surtout une philosophie du travail, devenir complètement indépendant n’est vraiment pas facile, j’en ai vu plein faire le chemin inverse après des années de frustration.
Pour conclure:
Je me rappelle de cette citation, que j’ai entendue des années à chaque début de cours, avant de la comprendre pleinement:
« Un artiste, c’est avant tout un homme de son temps » par notre cher Joseph Godenir (professeur de religion à l’Institut)
On a à disponibilité un tas de moyens qui n’étaient autre fois même pas envisageables, et qui ont transformé considérablement la société mais aussi le rôle de l’artiste en transformant ses outils.
Jje pense que de nos jours le médium importe moins que le propos, tous les arts convergent, il y a une mutation de fond et de forme, et je pense que c’est à notre génération de redéfinir les codes.